À propos de l'AVAC

Il n'y a pas si longtemps, le dicton disait: «Césarienne un jour, césarienne toujours». Cette croyance n'a plus sa place aujourd'hui. L'AVAC, ou l'accouchement vaginal après césarienne est une option entièrement possible pour les femmes ayant déjà vécu une césarienne et qui souhaiteraient un accouchement naturel.

Lorsqu'une femme désire vivre un AVAC, certaines particularités seront évaluées pour déterminer si elle est une bonne candidate. Entre autres, le laps de temps s'étant écoulé entre la césarienne et la nouvelle grossesse (idéalement au minimum 18 mois), la raison de la césarienne, le type d'incision à l'utérus et l'état de la cicatrice, les motivations de la femme à accoucher naturellement, etc. Toutes ces notions seront expliquées et discutées avec la femme pour l'aider à faire un choix éclairé.  Il faut aussi garder en tête qu'à priori, une femme ne sera pas considérée à risque par le simple fait d'avoir eu une césarienne antérieure. Cela signifie qu'au Québec, les candidates à l'AVAC ont accès au suivi sage-femme.

Bien sûr, on parlera aussi de comparaison de risques. Le risque principal lors d'un AVAC, qui est  un argument très utilisé pour faire peur aux femmes est celui de la rupture utérine, qui n'est en fait que de 0.2% à 0,6% (entre une et trois femmes sur 500). La rupture utérine est en fait une déchirure de l'utérus durant le travail, qui peut se produire à divers degrés. Si on met les choses en perspective, ce taux de risque est comparable au risque de perdre le bébé lors d'une amniocentèse, procédure qu'on n'hésite pas à recommander aux femmes enceintes pour déceler des problèmes génétiques chez le bébé. D'ailleurs, le taux de mortalité pour le bébé relié à un AVAC est le même que pour les femmes accouchant de leur premier bébé.

Ensuite, on oublie souvent de mentionner tous les risques associés à une deuxième césarienne. Il est important de garder en tête qu'une césarienne est une chirurgie abdominale majeure qui implique non seulement des risques pour la mère et le bébé, mais surtout une période de récupération beaucoup plus longue et difficile que pour un accouchement vaginal. D'ailleurs, l'une des remarques que font souvent les femmes ayant eu un AVAC est leur étonnement face à la rapidité de leur remise sur pied après un accouchement naturel en comparaison avec leur expérience de césarienne.

Il y a un autre aspect de l'attitude médicale face à l'AVAC qui me dérange. C'est que dans le jargon médical, on ne dit plus d'emblée qu'une femme veut un AVAC, on dit qu'elle veut un EDT (Essai de travail). Si elle accouche naturellement, on dit qu'elle a réussi son AVAC. C'est comme dire d'emblée à la femme: «Ouais, on ne croit pas vraiment que tu vas y arriver, alors on va te laisser essayer et puis après on verra».

Je pourrais m'étaler encore longtemps sur les pour et les contre de l'AVAC, les interventions à éviter, et les choix s'offrant aux femmes. Il existe déjà de nombreux livres qui traitent du sujet. Je vous recommande entre autres le livre de Hélène Vadeboncoeur : «Une autre césarienne ou un AVAC?: S'informer pour mieux décider».  J'aimerais en fait m'attarder sur le côté que je considère le plus important: le côté psychologique. Avoir un AVAC, ça commence dans la tête. Ne laissez pa les autres vous décourager avec leurs peurs. Une fois votre décision prise, ne doutez pas de vos capacités. Croyez-y à fond. Faites aussi l'exercice de faire la paix avec votre césarienne antérieure. Il existe tout plein d'approches, certaines plus classiques, d'autres plus spirituelles, pour entamer le processus.

Lorsqu'on écoute les témoignages de femmes ayant vécu un AVAC, elles dégagent toutes cette immense fierté, cet empowerment. Ça me fait penser à l'une d'entre elles que j'ai revue récemment, ayant vécu un AVAC quelques semaines auparavant. Cette jeune femme de nature timide, elle avait complètement changé. Sa fierté, elle émanait de tous les pores de sa peau. Je l'ai trouvée si belle, tenant son magnifique poupon entre ses bras, complètement en amour. Et ce moment de fierté, ce magnifique boost de guérison et d'estime de soi qu'elle a vécu lors de son accouchement, c'est un moment qu'elle, comme tant d'autres femmes, pourra revisiter toute sa vie, lors de moments plus difficiles et de moments de doute. Quel beau cadeau de la Vie!!

Alors voici mes quelques conseils pour réussir votre AVAC (qui sont d'ailleurs valables pour tout accouchement, AVAC ou non...) :
- Croyez en vous et soyez convaincue
- Embaucher une doula
- Choisir un suivi Sage-Femme, ou bien magasiner votre hôpital pour être sûre qu'il soit favorable aux AVAC
- Lire et écouter des témoignages de femmes ayant vécu un AVAC
- Bien vous informer sut toutes vos options
- Garder en tête que personne ne peut imposer une césarienne à une femme sans raison médicale.

Parfois, la vie fait aussi les choses autrement. Alors si, même en suivant tous ces conseils, et malgré toute votre volonté, une autre césarienne s'impose pour des raisons hors de votre contrôle, vous aurez le sentiment d'avoir tout essayé et serez plus en paix avec la situation.

Je vous conseille aussi fortement le film ''Trial of Labor'', un film sorti récemment qui traite de l'AVAC en suivant quelques femmes enceintes souhaitant un AVAC. Un magnifique film non seulement intéressant et instructif, mais aussi d'une grande poésie!

Bonne journée!

Sources:
BUCKLEY, Sarah J., Gentle Birth, Gentle Mothering, Celestial Arts, USA, 2009, 348 p. 
GASKIN, Ina May, Ina May's Guide to Childbirth, Bantam Books, USA, 2003, 348 p. 
VADEBONCOEUR, Hélène, Une autre césarienne ou un AVAC?: S'informer pour mieux décider, Éditions FIDES, Québec, 2012, 380 p. 

http://www.trialoflabor.com

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