Le Cytotec: une méthode d'induction à ne pas prendre à la légère

Bonjour! Je suis de retour, et voici, enfin, un nouvel article!

Cette semaine, je vous parle du Cytotec (misoprostol), un médicament utilisé pour induire, ou provoquer l'accouchement. Ce médicament est utilisé dans certains hôpitaux en Amérique du Nord et en Europe, mais il y a plusieurs polémiques assez sérieuses autour de son utilisation.

En premier lieu, il faut savoir que le Cytotec, médicament produit par la compagnie Pfizer, n'est pas conçu au départ pour les accouchements, mais est en réalité un antiulcéreux qui est utilisé pour ses effets secondaires, c'est à dire de déclencher des contractions utérines fortes aux femmes enceintes à qui on en donne. Pourtant, comme ça arrive malheureusement souvent, aucune étude valable n'a été faite sur ce médicament, qui s'avère être potentiellement dangereux en salle d'accouchement. La notice du médicament dit :«Ce médicament peut entraîner de fortes contractions utérines avec risque de fausse couche». Cet effet secondaire a entraîné certains gynécologues et médecins à utiliser ce médicament pour provoquer des fausses couches, puis pour provoquer des accouchements sur des bébés vivants.

Contrairement au Prepidil et au Cervidil, deux formes de prostaglandines utilisées pour déclencher le travail, le Cytotec n'est pas approuvé par la FDA (Food and Drug Administration, aux É-U) pour l'usage sur les femmes enceintes (il est seulement approuvé en tant qu'antiulcéreux), et son fabricant n'a pas l'intention d'aller chercher cette approbation. Pourtant, une brèche dans le système rend ce médicament ''off-label'', ce qui le rend légal, mais pas nécessairement sécuritaire, car aucune étude sérieuse n'a été faite sur son utilisation en obstétrique. Malgré tout, il a été largement adopté dans de nombreux hôpitaux depuis la fin des années 1990 pour provoquer les accouchements. Cette brèche dans le système permet aux hôpitaux de s'en servir sas connaître les véritables risques pour les mères et les bébés.

Mais quels sont les risques associés à ce produit? En plus des risques de l'induction (voir article précédent par Julie Charbonneau ici), le Cytotec a plusieurs graves risques potentiels. En premier, lieu, il faut savoir que les comprimés de Cytotec ne se vendent qu'en doses de 100 ou 200 microgrammes, ce qui s'est avéré être beaucoup trop puissant. Pour y remédier, les médecins découpent eux mêmes les tablettes en deux, en quatre, ou en huit, ce qui s'avère être assez artisanal, et les doses ne sont jamais exactes. Malgré tout, il y a eu des cas de complications et de décès maternels associés aux doses les plus minimes de Cytotec, et la réaction de l'utérus de chaque femme est impossible à prévoir.

Lorsqu'on administre du Cytotec à une femme enceinte, ce médicament cause de violentes contractions utérines, rend le travail extrêmement pénible et douloureux pour la mère et le bébé, et augmente grandement le risque d'hyperstimulation utérine. L'hyperstimulation utérine, c'est lorsque le médicament cause de contractions trop fortes et trop violentes pour l'utérus. Avec les autres formes d'induction, il est possible de diminuer la dose, ou de retirer la substance. Mais une fois le Cytotec absorbé, il n'y a rien à faire.  Ceci pose un risque de souffrance foetale aigüe, d'hémorragie de la délivrance, de rupture utérine,  d'embolie amniotique, d'avoir un bébé handicapé, et même un risque de décès de la mère, et/ou du bébé.

Ina May Gaskin, sage-femme de renom américaine, est une militante pour la sensibilisation aux dangers du Cytotec, et a fait de nombreuses recherches. Elle a tenté de trouver toutes les études ayant été faites à ce sujet, et d'additionner les résultats. Elle a trouvé 49 études, totalisant 5439 femmes ayant reçu du Cytotec pour déclencher le travail. Sur ces 5439 femmes: 25 femmes ont eu une rupture utérine, 16 bébés sont morts, 2 femmes ont eu une hémorragie si sérieuse qu'elles ont dû subir une hystérectomie d'urgence, et 2 femmes sont décédées.  Dans plusieurs études, jusqu'au quart des bébés se sont retrouvés en soins intensifs. Les risques de rupture utérine étaient beaucoup plus élevés lorsque les femmes avaient déjà eu une chirurgie à l'utérus, comme une césarienne. Suite à des études et exposés de la sorte, Pfizer, le fabricant, a émis des avertissements indiquant que l'utilisation de ce médicament pouvait entraîner des risques de rupture utérine, d'hystérectomie, et de morts maternelles et néonatales. De plus, durant la période entre 1998 et 2001, la FDA a reçu des rapports de plus de trente cas de rupture utérine liés à l'utilisation de Cytotec, dont huit ont entraîné la mort du foetus, et deux morts maternelles. Et de nouveaux cas sont sans cesse découverts. Malgré tout, le Cytotec est encore utilisé dans de nombreuses salles d'accouchement...

On en revient aussi à cette question de déclencher l'accouchement ou non. Comme je l'ai expliqué dans mon article sur les dates prévues d'accouchement, il est impossible de déterminer exactement la date du ''terme'' de toutes les femmes. Chaque bébé a un rythme différent. Alors pourquoi vouloir à tout prix que les bébés naissent avant une date fixée approximativement? Lorsqu'on en vient aux risques de dépasser la date, ne serait-t-il pas plus sage de comparer les risques et les bénéfices d'attendre un peu plus longtemps ou de déclencher, basés sur l'état de chaque bébé et de chaque femme? De plus, il y a pratiquement toujours des signes si un bébé est en danger de rester trop longtemps dans les ventre de sa mère, et il existe des moyens naturels et non-violents pour encourager le bébé à sortir.

Pourquoi, malgré les risques de ce produit, certains hôpitaux et certains médecins continuent-t-ils de l'utiliser? Parce que le Cytotec est très bon marché comparé aux autres produits de déclenchement, il est plus facile à stocker et à conserver, les accouchements sont en général plus rapides (donc plus de roulement), et il diminue les besoins en ocytocine de synthèse, qui coûte plus cher.

Que faire alors pour éviter de se faire administrer ce produit? Premièrement, avant tout déclenchement, je vous conseille d'exiger une information complète à votre médecin. Demandez pourquoi il veut vous provoquer, quels moyens et quels produits il compte utiliser, et tentez de faire un rapport, ou une comparaison des risques et bénéfices d'attendre quelques jours de plus ou d'être provoquée. Si votre induction est inévitable, vous avez le droit de refuser le Cytotec, ou misoprostol, et d'exiger une alternative.

Pour plus d'information, vous pouvez visiter les sites suivant:
Timéo et les autres (association de sensibilisation aux risques du Cytotec, créé par des mères qui en ont subi les effets. Leur site comprend aussi de nombreux témoignages)
Prospectus de Timéo et les autres au sujet du Cytotec
Forum BébéCyto, par l'association Timéo et les autres
Diaporama interactif sur les déclenchements au Cytotec
Informations de la FDA sur le misoprostol
Articles du site Midwifery today sur l'utilisation du Cytotec
La Tatia Oden French Memorial Foundation (fondation dédiée à l'information des jeunes femmes, fondé suite à la mort de Tatia et de sa fille Zorah lors d'un accouchement déclenché au Cytotec)
Notice du Cytotec (qui vient dans la bouteille) en format PDF. On peut clairement lire dans la notice que le fabricant décourage les femmes de prendre ce produit, et cite le risque de rupture utérine.
Le Cytotec: un antiulcéreux utilisé pour déclencher des accouchements (très bon article sur le Cytotec et ses risques)

Autre source:
GASKIN, Ina May, Ina May's Guide to Childbirth, Bantam Books, New York, 2003, 348 pages.


Comments

  1. really good information about Cytotec pills. Thanks for sharing with us.

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